Afghanistan : même les mannequins doivent être voilés

De quoi se plaint-on ? Ils auront au moins échappé à la décapitation et, sous le régime taliban, ce n’est pas le cas de tout le monde. Les mannequins en plastique d’Afghanistan devront être couverts de tissus, de sac ou d’aluminium pour ne pas laisser transparaître leurs visages, une décision finalement clémente.

Afghanistan : même les mannequins doivent être voilés

Deux ans après leur accession au pouvoir, les talibans durcissent un peu plus la loi. C’est encore possible. Couvrir intégralement le corps des femmes ne leur suffisait pas, le ministère pour la Promotion de la vertu et la Répression du vice a donc décrété que tous les mannequins devaient être retirés des vitrines des magasins ou masqués. La raison de cette nouvelle restriction, selon des interprétations strictes de l’islam et notamment la charia (loi islamique), les représentations d’êtres humains sont interdites puisqu’elles peuvent être vénérées comme idoles.  Elle est loin l’époque kémaliste où les femmes sortaient en pantalon cheveux au vent. L'Afghanistan, un pays où même les mannequins sont captifs, où il est interdit aux femmes et aux filles d’aller à l’école au-delà de la sixième année, où elles ne peuvent exercer la plupart, des emplois et où elles doivent porter le voile intégral. Que les Afghans se rassurent, la situation n’est pas désespérée, l’ONU est sur le coup. Après deux ans de privation de liberté, une délégation “de la dernière chance” s’est rendue dans le pays pour tenter de faire fléchir les talibans. Un autre exemple de l’intervention mondiale, qui brille par sa réactivité et son optimisme. Arrivée à Kaboul en retard, la secrétaire générale relaie l’indignation de la communauté internationale face à la répression des femmes. L’ONU, toujours prête à discuter, tape sur les doigts des talibans. Pourtant, des actions, il y en a ! Mise en garde, rappel de quoi faire trembler l’un des régimes les plus stricts du monde. L’UNESCO a même dédié la Journée internationale de l’éducation 2023 aux filles et femmes afghanes, si ça ne fait pas avancer la situation... Face à ce manque évident d’action de la part des nations unies, la presse se mobilise, Associated Press a consacré de nombreuses colonnes aux Afghans pour dénoncer la répression qui sévit dans le pays. Ne vous en déplaise, messieurs les talibans, les femmes, en dehors de vos frontières, ont toujours le droit d’écrire.   

Louise Dugast