Après l’été 2022 : la politique locale face au « bilan sécheresse » exceptionnel en Loire-Atlantique

Avec des températures atteignant les 42,3°C, la Loire-Atlantique a particulièrement été mise à l’épreuve l’année dernière. Avec des records de chaleur faisant de l’année 2022 l’année la plus chaude jamais recensée sur l’ensemble du territoire français, la sécheresse inquiète de plus en plus. État des lieux après un été exceptionnellement sec.

Après l’été 2022 : la politique locale face au « bilan sécheresse » exceptionnel en Loire-Atlantique
ÉTAT DES ARRÊTÉS DE LIMITATION DES USAGES DE L'EAU AU 01/09/2022 Source : Propluvia

En France, l’eau est un bien public. Au niveau local, il est géré par la Commission locale de l’eau, l’Agence de l’eau Loire Bretagne et leur Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) respectifs. C’est une politique visant à décentraliser la gouvernance de l’eau afin de s’adapter aux besoins spécifiques des territoires. Des syndicats, comme l’Établissement public du bassin versant de la Sèvre Nantaise (EPTB), sont des acteurs majeurs de la gestion et de l’étude visant à appréhender la ressource en eau. Et les résultats récoltés par les pôles de gouvernance de l’eau sont accablants.

Une année de records inquiétants

Le 4 mai 2022, la préfecture Loire-Atlantique a publié le premier arrêté de restriction des usages de l’eau pour le département. C’est considérablement tôt : en 2021, le 1er arrêté sur la question a été publié le 20 octobre. Ces restrictions n’ont pas touché l’eau potable. Mais l’ensemble du département a été placé en vigilance, avec par exemple l’interdiction de l’arrosage des jardins pour les particuliers vivant sur un territoire au niveau d’alerte 3 ou 4. C’était le cas de l’ensemble du département au 1er septembre 2022. Dans le Pays de Retz, seuls les prélèvements permettant d’assurer l’exercice des usages prioritaires étaient autorisés jusqu’au 16 septembre 2022. La levée des restrictions dans le 44 a été officialisée le 14 décembre par arrêté préfectoral.

Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) établit la première cause de la sécheresse comme étant un déficit anormal des précipitations. Et selon le président de l’Établissement Public du bassin versant de la Sèvre Nantaise (EPTB) : « S’il est difficile de comparer les années les unes aux autres, cette année est toutefois assez remarquable de par les déficits de précipitations observés ces derniers mois. Nous sommes depuis le début de l’année à un déficit évalué à 40 % en matière de pluviométrie ». En consultant le bulletin national de situation hydrologique du 15 Janvier 2013, publié par Eau France, on constate qu’il y a 10 ans, le cumul des précipitations dans la région Pays de la Loire dépassait la normale de 50 à 100%. La situation est bel et bien inédite.

Des impacts à déplorer

Les conséquences de la sécheresse sont multiples. La sécheresse est un enjeu majeur qui entraîne avec lui des problèmes concernant la biodiversité dans son ensemble : le stock d’eau potable et souterraine, la mortalité des forêts ou encore le rendement agricole. Car un déficit des précipitations qui dure se traduit ensuite en baisse du niveau des nappes et des cours d’eau. Selon le CNRS en partenariat avec Bon Pote, la sécheresse est aussi un cercle vicieux qui « aggrave elle-même le réchauffement climatique ».

Dans le département, plusieurs impacts ont été ciblés. Les conditions de sécheresse sont favorables à une baisse de la qualité de l’eau, et la faune piscicole a été durement touchée. Le président de l’EPTB explique que « les pêches de sauvetage se sont multipliées, [et] la sphère économique, notamment agricole, est également mise à rude épreuve ».
Les informations récoltées par les pôles et les acteurs de la gouvernance de l’eau ont de quoi inquiéter les habitants du département pour l’été à venir.

Selon le dernier rapport « Changement climatique, eau et agriculture d’ici 2050 » du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux : « Le changement du régime des précipitations avec leur diminution estivale entraînera un déficit hydrique supplémentaire en été. Cela rendra difficile, et souvent impossible dans certaines régions notamment méridionales, beaucoup de cultures d’été actuellement pratiquées sans irrigation, avec des baisses de rendements qui pourront être considérables ».