Émeutes : La Russie à la rescousse du Kazakhstan

Émeutes : La Russie à la rescousse du Kazakhstan
Émeutes : La Russie à la rescousse du Kazakhstan
Émeutes : La Russie à la rescousse du Kazakhstan

Suite à une augmentation du prix du gaz, des manifestations au Kazakhstan se sont transformées en émeutes contre le pouvoir en place. Elles ont causé plus de 160 morts côté manifestants et plus de 6000 arrestations depuis le dimanche 2 janvier 2022. Le président kazakhstanais Kassym-Jomart Tokaïev a appelé Moscou à l’aide pour rétablir l’ordre.

Par Nicolas Héas

Scènes inédites dans ce pays autoritaire d’Asie centrale : des manifestants, exprimant initialement leur mécontentement concernant la montée du prix du gaz, ont finalement tourné leur colère contre le pouvoir en place. Ces manifestations, qui ont commencé dans l’ouest du pays à Janaozen, ont ainsi gagné la capitale économique Almaty, forçant le président kazakhstanais à demander l’aide de la Russie. Moscou a ainsi déployé environ 3000 soldats sur place dans le cadre d'une "force collective de maintien de la paix" de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) regroupant la Russie, la Biélorussie, l’Arménie, le Kirghizistan et le Tadjikistan.

Un aveu de faiblesse ?

Après l’annonce du président Tokaïev d’autoriser les forces de l’ordre à « tirer pour tuer sans sommations » et l’arrivée vendredi 7 janvier dernier des troupes russes, le calme n’est pas pour tout de suite. Avant même l’arrivée des soldats de l’OTSC, la répression était particulièrement sanglante. Les communications sont encore très perturbées et le bilan, déjà très lourd, augmente encore. D’autant que Tokaïev a clairement rejeté toute négociation avec les manifestants et a promis leur « élimination sous peu ».

Pour la Russie, l’opportunité est trop belle. Une intervention dans un pays de l’ancienne aire soviétique, avec l’armée régulière et légalement cette fois-ci, est l’occasion de rasseoir sa domination sur cette zone géographique. Pour le pouvoir kazakhstanais, cela risque de se retourner contre lui, faisant perdre le peu de crédibilité qu’il lui reste aux yeux de la population. L’ordre sera sans doute rétabli au prix d’un lourd bilan humain. Mais cette intervention russe pourrait finalement être plus déstabilisatrice qu’autre chose. Il sera d’ailleurs « très difficile » de faire partir les militaires russes, ont estimé les États-Unis. Pas de quoi décourager le maître du Kremlin, en pleine négociation avec Joe Biden concernant l’Ukraine.