Environnement : deux ans pour agir

Vendredi 24 février, une militante de “Dernière rénovation” a interrompu la soirée des Césars afin d’alerter sur l’urgence écologique. D’autres interventions marquantes ont suivi, comme une interpellation envers Emmanuel Macron ou des statues habillées dans plusieurs villes de France.

Environnement : deux ans pour agir
Manifestation pour le climat à Paris en Mars 2022 ©Paola Breizh

Bloquer des routes, interrompre des événements sportifs ou asperger de peinture orange les façades de monuments, « Dernière Rénovation » multiplie les interventions controversées, espérant tirer la sonnette d’alarme. Une résistance civile, sans violence, portée par ce qu’ils qualifient de «la dernière génération à pouvoir atténuer les effets du changement climatique ».

 

400 adhérents au mouvement

 

Fondé en 2022, le collectif est né suite de la déception à l’issue de la Convention citoyenne pour le climat. Ils luttent donc contre le réchauffement climatique, alarment dernièrement sur la sécheresse hivernale et militent pour la rénovation énergétique des logements.  « L’un des thèmes retenus sur lequel l’État s’était engagé à intervenir était la rénovation énergétique des bâtiments de France. Or, cette promesse n’a pas été tenue »L’objectif est donc d’obtenir du gouvernement les fonds nécessaires pour « mener une rénovation globale et performante du parc immobilier français d’ici 2040 ».

Leur dernière intervention «coup de poing» fût lors de la 48e cérémonie des Césars, lorsque la militante Nina interrompt le sketch de Léa Drucker et Ahmed Sylla, bras levé.

Dernière rénovation n’avait alors pas attendu pour revendiquer l’intervention: « La France a subi cet hiver 32 jours de sécheresse. Ce n’est qu’un avant-goût du monde à plus 4°C que nous prédit le ministre de la Transition, Christophe Béchu. La campagne emprunte la scène médiatique des César pour faire entendre cet appel à la résistance, partout et par tous ».

 

Dans deux ans, la fin ?

 

Le point commun de chaque action ? Un t-shirt faisant référence à l’un des derniers rapport du Giec. Les scientifiques ont calculé la nécessité de plafonner nos émissions de gaz à effet de serre avant 2025, afin de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C, et ce au plus tard. Le dernier rapport, le 6e, remonte au 20 mars dernier et la situation reste toujours aussi préoccupante. Il alerte sur les mesures insuffisantes prises par les différents chefs d’Etats. Et pour cause, depuis l’ère préindustrielle au XIXème siècle, la planète s’est réchauffée de 1,1°C et a également subi une hausse de 20 centimètres du niveau des océans depuis 1901.

Le Giec écrit que « cela a conduit à une augmentation de la fréquence et de l'intensité des événements météorologiques extrêmes, qui ont eu des effets de plus en plus dangereux sur la nature et les populations dans toutes les régions du monde ». Les conséquences sont nombreuses, avec une baisse de la sécurité alimentaire et de l’accès à l’eau potable, une augmentation des pertes de vies humaines, l’extinction de centaines d'espèces, le développement de nombreuses maladies et l’accentuation des flux migratoires. 

                                         Post Instagram du journaliste Hugo Clément

Les actions continuent, les politiques ne bougent pas

 

L’opération s’est déroulée à Toulouse et dans dix autres villes de France, dans la nuit du 16 au 17 mars dernier. Les statues de ces villes ont été habillées avec des messages politiques à destination du gouvernement. On retrouvait ainsi des messages comme « Cette statue ne mourra pas de soif…nous oui ! » ou encore « le statue-quo tue ». L’objectif est d'entrer en résistance contre l'inaction du gouvernement, et d'alerter une nouvelle fois les français sur la situation environnementale mondiale.

Lors de sa visite au salon de l’agriculture en février dernier, le président de la République avait été interpellé par un militant de Dernière Rénovation, concernant l'inaction du gouvernement. Si le militant n’avait pas voulu écouter la réponse du Président, le collectif se dit maintenant ouvert à une réunion avec le gouvernement, à condition que celle-ci soit publique. Le gouvernement se dit prêt à écouter les revendications du collectif,  alors que l’augmentation des crédits en faveur de la rénovation thermique à hauteur de 12 milliards d’euros à été retoquée à coup de 49.3 en novembre dernier. Olivier Klein, ministre du logement avait alors déclaré «cette somme on ne saurait pas comment la dépenser car la filière n’est pas dimensionné pour cela.»

Ambre Simon & Zacharie Brault