Fair~e : Quand gastronomie rime avec nouvelle vie

Alice Thierry de ville d’Avray et Emmanuelle Poirier sont les fondatrices du restaurant associatif Fair~e qui ouvrira ses portes le 3 mai. Une initiative portée par le partage et l’entraide, où les cuisinier(e)s sont des personnes qui ont le statut de réfugiés et sont en formation pour environ quatre mois.

Fair~e : Quand gastronomie rime avec nouvelle vie
De gauche à droite : Alice Thierry et Emmanuelle Poirier, fondatrice du restaurant associatif Fair~e. Crédit : Romane Rousseau.

Au 105 boulevard de la Prairie-Au-Duc, sur l’île de Nantes, se trouve un local, coloré et lumineux. D’ici quelques mois, ce lieu deviendra “Fair~e”, un nouveau restaurant associatif. Le but est simple, former pendant quatre mois des réfugiés pour leur apprendre les bases de la gastronomie, et ”valoriser les patrimoines et les matrimoines culinaires”.  

 

“Ça m’a renforcé dans le fait que j’avais envie de cuisiner” 

 

L’idée est venue à Alice, ancienne journaliste, lorsqu’elle était fromagère à Nantes. En parallèle de son travail, elle est devenue bénévole au Refugee Food Festival. L’idée est globalement la même, permettre à des personnes réfugiées de cuisiner avec un chef local. “J’avais toujours cette frustration de me dire que ça dure qu’une semaine et après, plus rien. J’avais donc l’idée de pérenniser le festival à travers un restaurant”.  

C’est là qu'entre en scène “Manue”. Ancienne designer oscillant entre Nantes et Angers, elle travaille en 2014 à mi-temps à Ozon, et consacre le reste à sa micro-entreprise. Ayant fait 8 ans en saison à La Fraiseraie, sa passion pour la cuisine ne la quitte pas : “J’avais toujours un pied dans le milieu de la restauration. Ça me plaisait, j’aimais beaucoup cuisiner chez moi”. Emmanuelle finit par quitter ses professions : “je commençais un peu à en avoir marre. Ils me proposaient un poste dans l’administratif, sauf que moi, je voulais rester dans le manuel”. La jeune femme suit ensuite une formation de 8 mois, pour obtenir un titre professionnel de cuisine à Saint-Herblain. “Ça m’a vraiment renforcé dans le fait que j’avais envie de cuisiner”.

 

Un projet porté par le sens, jusque dans le nom 

 

Le projet est porté par leur association, Al.Ma. Contraction de leurs prénoms, cela peut également se traduire par “savante” en arabe, “travailleuse” en gothique, et “nourrir et élever” en latin. Quant au restaurant “Fair~e”, l’appellation est là aussi une idée d’Alice. “C’est un clin d’œil à Londres, où tout à commencer. Ça veut dire “juste”, et on a rajouter le “e” car on est vraiment ici pour pratiquer. Mais cela fait aussi les initiales de Formation, Apprentissage, Insertion des Réfugiés, Ensemble”, s’amuse-t-elle à expliquer.  

 

La cuisine pour mettre en avant certaines problématiques 

 

“On s’est rendu compte que la cuisine, c’est un outil qui permet de connecter les gens”, affirme Alice. C’est la raison pour laquelle mêler leur passion à la cause des réfugiés semblait évident. “On a souvent cette image des personnes réfugiés qui viennent voler le travail, des trucs hyper négatifs. Nous on veut essayer de faire en sorte que ce soit quelque chose de plus léger”. En effet, seulement 18% des Français estiment que les réfugiés nouvellement accueillis s’adapteront à la société française. Mais la cuisine reste pour Alice et Emmanuelle un prétexte pour favoriser les rencontres des personnes qui n’ont jamais été en contact avec le public réfugié.  

 

Romane Rousseau