Gel des vignes : les viticulteurs nantais s’adaptent quoi qu’il arrive

Avril, ne te découvre pas d’un fil ? Entre inquiétude et passage entre les gouttes, les acteurs du vignoble nantais font part de leur ressenti vis-à-vis de la vague de gel qui a gagné une partie de la surface agricole française en début de mois.

Gel des vignes : les viticulteurs nantais s’adaptent quoi qu’il arrive
L’épisode de gel de la nuit de mardi 4 à mercredi 5 avril a été compliqué pour de nombreux exploitations viticoles (Crédit : Didgeman via Pixabay)

Si les vendanges n’ont lieu qu’à la fin de l’été, le vigne est une matière qui, comme tout végétal, s’entretient toute l’année. Il suffit qu’un épisode de gel, même d’un jour, ne survienne sans crier gare et toute la récolte se trouve alors potentiellement mise à mal, réduisant à néant une année entière de labeur. En témoigne la vague de froid s’étant déroulée dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 avril.

« C’est la sixième année que je gèle en huit ans »

Et la Loire-Atlantique n’a malheureusement pas échappé à la règle. Les températures sont descendues au-dessous de zéro chez Guillaume Loiret, gérant du domaine des Cormiers à Vertou : « Hier, j’ai relevé - 0,5°C. Et encore, dans le coeur des vignes, il faisait d’autant plus froid, c’est peut-être descendu jusqu’à - 1,5°C, sachant qu’il faut absolument que ce soit positif, sans quoi ça devient dangereux ». La froidure se prolonge pour le vigneron de telle sorte qu’il avoue être actuellement dans une situation d’alerte pour ses quelques 23 hectares : « Habituellement, il faut se lever le matin pour faire une ronde. Lorsque c’est critique, comme en ce moment, on regarde ce qu’il en est à partir de minuit. Lundi et mardi, c’était juste. Mercredi matin, ça a gelé ». Les relevés de températures peuvent se multiplier, jusqu’à nécessiter une vision heure par heure de l’état de plants. Le tout avec le risque de voir sa récolte de Muscadet en deçà du rendement attendu. Et ça ne devrait aller en s’améliorant selon Guillaume Loiret : « C’est la sixième année que je gèle en huit ans, c’est dire ».

Une perpétuelle adaptation au climat

Tous ces épisodes de gel poussent en cela le secteur dans son ensemble à prendre ses précautions, à anticiper du mieux possible les prévisions météo. « On craint le gel tous les ans, pour ainsi dire. Tant qu’on n’est pas rendus à la mi-mai, voire la fin mai, on n’est jamais à l’abri d’un coup de gel », précise Rémy Pinson, à la tête quant à lui du domaine de l’Ecu au Landreau, et lui-même de poursuivre : « Je sais que plein de gens du métier ont ressorti les moyens de lutte : soit les éoliennes ; soit les fils chauffants sur les porteurs des vignes ; soit les bougies ; soit des souffleries à 360° qui brassent l’air autour des vignes ».

Le domaine des Cormiers fait donc part de son inquiétude pour les années à venir : « À mon époque, c’était un gel tous les 10 ans, tous les 15 ans. Depuis une dizaine d’années, on observe clairement un gel tous les deux ans environ. », s’alarme Guillaume Loiret. Un chiffre confirmé par Rémy Pinson : « Il y a une nette augmentation de la fréquence des épisodes de gel ces dernières années, c’est évident. » Le vigneron, relativement épargné par l’épisode de gel car plus au Nord que le périmètre où le gel s’est le plus abattu (à savoir le secteur Gorges, Mouzillon, Clisson), souligne que tout dépend justement du microclimat que le sol rencontre à un instant T.

« L’impact du gel se mesure au stade d’évolution de la vigne et des températures. Là, heureusement, la vigne n’est pas tout à fait démarrée, on dit que le bourgeon est ‘dans le coton’. [...] Pour le moment, il n’y a pas eu trop de dégâts », explique-t-il. « Pour le moment, ça va. On croise toujours les doigts et on n’est jamais vraiment serein. On subit les aléas de la météo, on prend ce que la nature nous donne et on ne peut pas faire autrement. [...] On fait avec, ça n’a de toute manière jamais vraiment été facile, que ce soit le gel, les années fraîches où on n’arrive pas à atteindre la maturité technologique ou phénolique espérée, la sècheresse, la grillure, etc. C’est un peu aussi le but : essayer de s’adapter en fonction de, et de faire le meilleure vin possible. »