Le nucléaire a de nouveau la cote !

Le 13 mars 2023, l’Assemblée nationale a voté la proposition de relance du nucléaire. Elle vient mettre fin à une politique de limitation du nucléaire mise en place en 2015. Un changement de cap de la part de l’exécutif mais aussi des Français.

Le nucléaire a de nouveau la cote !

« Je veux ni plafond ni plancher », c’est ce qu’a déclaré la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher à l’Assemblée nationale lors de la présentation du projet de loi sur l’accélération nucléaire. Le gouvernement a mis fin à la loi de 2015 relative à la transition énergétique qui avait pour objectif de réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50 % à l'horizon 2025. En 2011, François Hollande, candidat à la présidence de la République, annonçait sa volonté de réduire d'un tiers la part du nucléaire en France. Une mesure que souhaitait mettre en œuvre Emmanuel Macron, alors candidat en 2017. 

Des objectifs bouleversés par la guerre

Les ambitions ne sont plus du tout les mêmes depuis un an. Depuis l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine, une crise s’est abattue sur l’Europe. Les factures d'électricité des Français ont explosé, remettant en cause la souveraineté énergétique du pays. C’est donc un demi-tour éclair que réalise Emmanuel Macron, en relançant la production de l’électricité par l’atome en France. Aujourd’hui, l’énergie nucléaire représente entre 70% et 80% de la part de cette production. Et le président a annoncé la création de six nouveaux EPR et huit autres potentiels d’ici 2035.

Des Français partagés

Le nucléaire est une source de débat depuis des années dans la métropole, mais la situation actuelle a renversé les priorités. Il y a ceux qui ont toujours été pour, qui voient l’énergie nucléaire comme une solution pour sortir des énergies fossiles et lutter contre le réchauffement climatique. C’est le cas d’Anthony, 42 ans : « C’est une énergie d’avenir et une énergie propre. À côté de chez nous, certains pays sont passés à d’autres formes d’énergie, certaines plus polluantes. Par exemple, l’Allemagne est sortie du nucléaire après la catastrophe de Fukushima et relance aujourd’hui des centrales de charbon. Ce n'est pas la solution. Je pense qu’il faut relancer le nucléaire. » 

Pour d’autres, relancer l’énergie nucléaire, c’est une question d’indépendance énergétique. « C’est une énergie dont on a besoin et qu’il faut développer pour ne pas être dépendant des autres pays. Si on réduit notre indépendance énergétique avec la Russie, il faut augmenter la production du nucléaire en France », explique Delphine. Cette mère de famille, interrogée en plein milieu du rayon céréales à Biocoop, raconte qu’elle s’opposait au nucléaire par le passé, « mais les priorités ont changé ».

Mais tous n’ont pas revu leur priorité. Certains restent attachés à leur opposition farouche au nucléaire, c’est le cas de Nino, étudiant interrogé alors qu’il rejoignait la manifestation contre la réforme des retraites : « On préfère se concentrer sur la crise énergétique que sur la crise écologique qui dure depuis des années… Le sujet sur lequel on se permet de ne pas faire d’efforts c’est encore une fois l’environnement et ça me déprime mais bon… ».

Le sujet est éclipsé par la réforme des retraites, mais il devrait revenir au centre des débats dans les prochains mois. Si beaucoup de Français semblent être attachés à leur facture d’électricité, tous n’acceptent pas pour autant une reprise du nucléaire sur le territoire, jugeant le risque trop fort.

@brutofficiel Un programme de nouveaux réacteurs nucléaires vient d’être annoncé par Emmanuel #Macron ♬ son original - Brut.

Florian Pichet et Théophile Péchon