Manus, Brisbane et Nauru, bienvenue dans l’enfer des camps de rétention australiens

Largement dans l’actualité ces-derniers jours suite à l'affaire Novak Djokovic, l’Australie continue de faire les gros titres cette semaine. En effet, le pays d’Oz a récemment annoncé avoir rouvert ses frontières, après une interminable fermeture liée à la crise sanitaire. Mais si l’île semble désormais accessible aux voyageurs, une réalité tout autre s’est longtemps dessinée pour les migrants en quête d’Eldorado.

Manus, Brisbane et Nauru, bienvenue dans l’enfer des camps de rétention australiens
Dans l'enfer des camps australiens. Crédits : Pixabay

La Solution du Pacifique, une politique migratoire des plus contestables

Considérée par certains comme la terre promise, l’Australie a en réalité tenté de limiter le nombre d’arrivants sur ses terres pendant de longues années. En effet, de 2001 à 2016, l’île a appliqué la Solution dite « du Pacifique », afin de réguler le continuel flot de migrants cherchant à poser le pied au pays d’Oz.

Contestée et décriée, cette politique migratoire intervient en marge de l'affaire Tampa. En 2001, un cargo norvégien prend en charge 433 migrants à la dérive, et tente d’accoster en Australie. Devant le refus du gouvernement, ces naufragés sont envoyés dans des camps australiens annexes, Manus, situé en Papouasie Nouvelle-Guinée, et Nauru petit État insulaire au cœur de la Micronésie.

Au total, plus de 1500 réfugiés afghans, irakiens et sri-lankais seront détenus dans ces camps, parfois gravement blessés et en attente de soins. Face à l’indignation mondiale, l’Australie est finalement contrainte de mettre un terme à la Solution du Pacifique en 2007.

Politique et manigances, l’Australie contrainte à la relance

Après cinq années dans les règles et sous la pression des élections, l’Australie décide finalement de relancer sa politique. Effrayé à l’idée de perdre les législatives, le gouvernement de Julia Gillard, le Premier Ministre sortant, décide de réactiver la Solution du Pacifique. Cette fois, ce sont une centaine de Sri-Lankais qui verront leurs espoirs de vie meilleure réduits à néant. Insalubrité voire même violence, les conditions d’accueil de ces réfugiés au cœur des camps sont inhumaines. Privés de soins médicaux et parfois soumis à de nombreux problèmes mentaux ces migrants ont passé plusieurs années sans perspectives de salut.

Finalement, ce-dernier arrive en 2016, lorsque la Cour suprême de Papouasie Nouvelle-Guinée ordonne la fermeture de Manus, jugeant les agissements australiens illégaux et déshumanisants. Pour le camp de Nauru, l’ensemble des réfugiés qui y vivaient ont été évacués et ont obtenus l’asile dans divers pays du globe.

Largement questionnée pour sa propension à ignorer les droits fondamentaux de l’Homme, cette politique migratoire aurait coûté plusieurs milliards de dollars au gouvernement australien. Un prix exorbitant donc, mais toujours bien en-deçà de l’inimaginable calvaire vécu par plusieurs milliers de migrants, tous victimes de la Solution du Pacifique.