La phobie scolaire à Nantes : aidants et aidés font le point

La phobie scolaire est encore un sujet tabou. Des associations viennent en aide à ces jeunes effrayés par le milieu scolaire, entre pédagogie et thérapie.

La phobie scolaire à Nantes : aidants et aidés font le point
La peur de l'école touche plus de jeunes que l'on ne pense.

Elle a préféré etre anonyme. Cette jeune femme de 20 ans est en bac+3 en CAP maréchalerie à Laval et en alternance chez un maréchal-ferrant sud Loire. Elle passe 3 semaines en entreprise, puis une semaine à l’école à Laval. Elle a commencé sa phobie scolaire en classe de seconde, et n'a toujours pas terminé sa peur pour l’école. Cela a juste pris une tournure différente.

Voici un podcast de France Inter sur la phobie scolaire.

Il y a six ans, selon elle, l'événement déclencheur aurait été le passage du collège au lycée, où elle n’avait plus de copines. Incapable de sortir de sa position foetale, à l’autre bout de la porte d’entrée, en pleurs, l’adolescente n’arrivait plus à sortir de chez elle. Ses parents étaient en incompréhension totale, sa mère voulait pourtant l’aider, son père pensait qu’elle exagérait. L’adolescente à l’époque avait trouvé de l’aide auprès de sa mère, mais pas tout le temps et autant qu’elle en aurait eu besoin.

Après six ans, la jeune femme nous explique que sa peur atroce de l’école a pris une autre forme. Elle arrive à aller en cours car elle fait quelque chose qui lui plait. En revanche, au simple fait de parler de phobie scolaire, elle est presque au bord des larmes. Autour d’une discussion avec ses copines sur l’arret des cours, la jeune femme s’est effondrée, en pleurs. Une autre fois, quand elle est repassée devant son second lycée, elle était en panique, alors qu’elle ne faisait que passer devant.

 

De A à Zèbres, une association nantaise ressourçante

Un endroit pour reprendre confiance. Voilà ce qu’il fallait pour ces jeunes atypiques. Certains sont HPI (haut potentiel intellectuel) d’autres TSA (autistes asperger), mais tous mènent le même combat celui de se réintégrer dans ce milieu scolaire qui leur a tant fait peur. 

L’association nantaise de A à Zèbres constitue l’un des lieux d’accueil à destination de ces jeunes en phobie et rupture scolaire. Créée en octobre 2018, l’objectif est simple : que ces enfants gardent un lien social, soient aidés et puissent souffler. Avec comme modèle l'association Zebra alternative à Marseille, une branche voit le jour à Nantes. A Marseille il s’agissait de la première association du genre, créée pour pallier ce manque de structure et d’aide. Les adolescents intellectuellement précoces peuvent alors retrouver une dynamique d’apprentissage. Mais aussi et surtout, une motivation personnelle et scolaire. 

Du côté de Nantes, le choix du nom de l’association s’est révélé comme une évidence. Les enfants dits surdoués sont également appelés précoces, à haut potentiel ou encore zèbres. La définition fut inventée par Jeanne Siaud-Fachin, psychologue clinicienne et spécialiste.

Les parents et professionnels de l’Ouest réunis, la création de ce lieu d’accueil pour tous les enfants et adolescents déscolarisés prend forme. Cette alternative ou complément à la scolarité dite classique n’est pas une école. Beaucoup des jeunes qui ont cet intellect développé pour leur âge développent des troubles dans les milieux scolaires. Des troubles tels que la phobie scolaire vont alors découler de cette précocité intellectuelle.

Les jeunes qui ont entre 11 et 18 ans sont accompagnés sur plusieurs plans afin de les aider au mieux. Le pôle thérapeutique assiste les jeunes à travers l’art thérapie avec pour objectif qu’ils expriment leur émotion et leur connaissance d’eux même à travers la médiation artistique. A côté de cela, un pôle pédagogique a également vu le jour. L’aide individuelle ou en groupe permet de redonner le goût des études. Pour finir, le pôle animation permet aux petits épaulés de communiquer au travers de jeux de sociétés, du théâtre, de la musique, du sport ou encore de la cuisine.

Ils peuvent alors franchir le pas de la porte de l’association une à deux fois par semaine selon les besoins. Certains continuent même une scolarité en parallèle au CNED.

Le temps reste un facteur déterminant vers la voie de la rémission. Aujourd’hui il existe des méthodes et personnes pouvant venir en aide à ces jeunes.

Depuis janvier 2021, le gouvernement a mis en place un numéro vert afin de lutter contre le décrochage scolaire, le 0 800 122 500. Au bout du fil, les jeunes sont guidés pour trouver des solutions d’accompagnement.

Signé Marguerite Renaud et Amélie Deschere.