Un an après, le soutien sans faille du centre d’accueil de réfugiés ukrainiens

Un an après l’invasion russe en Ukraine, la France a reçu près de 120 000 ressortissants ukrainiens. Des centres ont été mis en place et se sont organisés. C'est le cas à Nantes, avec le centre de la Manufacture des tabacs, qui accueille des réfugiés depuis mars 2022.

Un an après, le soutien sans faille du centre d’accueil de réfugiés ukrainiens
Le centre d'accueil de jour Ukraine, à Nantes, délocalisé à la Maison de l'Europe pendant les vacances scolaires.

Dans le centre d’accueil, ce sont près de 2000 réfugiés qui sont accueillis par le Centre communal d'action sociale de la Ville de Nantes (CCAS), afin de leur “rendre un pouvoir d'agir”, commence Yann Louault, coordinateur du lieu. "On a vraiment commencé avec l'idée d'un centre d'urgence, avec des médecins, des physiologues, la Croix Rouge. On a basculé doucement vers de l'intégration de la communauté ukrainienne”, explique le coordinateur. “On ne décompte pas moins de 14 000 passages depuis l'ouverture du centre, c'est-à-dire que les gens reviennent, pour prendre un café, échanger, et surtout se retrouver.” Olga fait partie de ces milliers de réfugiés qui veulent garder le lien avec leur pays d’origine. Elle est arrivée à Nantes en mars 2022, un mois après le début de l’intrusion russe sur le sol ukrainien. "Je suis venue en France avec ma sœur, mais mes parents sont restés en Ukraine." Née à Konotop dans l’oblast de Soumy (découpage administratif en Ukraine), proche de la frontière russe, la jeune femme travaillait à Kiev à Intellias, une entreprise ukrainienne de software (édition de logiciels). Un emploi qu'elle a conservé en arrivant en France, puisque son entreprise a fait son possible pour lui permettre de poursuivre son activité en télétravail. Au début du conflit, l’entreprise continuait son activité dans des refuges souterrains, avant que l’escalade autour de Kiev devienne invivable. Contrairement à certains Ukrainiens qui ont tout perdu à cause de la guerre, sa famille, ses amis et son appartement l’attendent.

Un soutien bénéfique 

L’aide apportée aux réfugiés ukrainiens se matérialise également à travers les différentes actions entreprises par le centre, comme la distribution de kits hygiène, la distribution alimentaire en partenariat avec la Banque alimentaire de Loire-Atlantique et les Restos du cœur. "On récupère du pain avec des associations, des fruits et des légumes avec les Restos du coeur.” Le centre organise également une multitude d'ateliers, portés par les bénévoles du centre, qui sont ukrainiens. “Pour les enfants, nous avons mis en place du soutien psychologique dans leur langue, avec des psychologues ukrainiens. Chacun peut suivre des cours de français ou d’ukrainien.” Olga est “reconnaissante de l'aide apportée par la France, mais ma vie en Ukraine me manque. J’avais une situation stable chez moi", explique-t-elle. Ce qui la rend nostalgique de sa vie d’avant ? “Prendre mon café dans un parc, sur le chemin du travail, avec les bras pleins de gobelets de café pour en ramener à mes collègues,” raconte-t-elle avec le sourire. La présence d’Olga en France est circonstancielle, elle veut absolument revenir chez elle auprès de sa famille. “J'ai essayé de revenir avec ma sœur en décembre, pour fêter Noël en famille, mais avec les coupures d’électricité, il était impossible de rester là-bas pour travailler. Même si l’on doit attendre encore quelque temps, nous reviendrons à la maison.”

La difficulté de trouver un logement

Une problématique apparaît alors, celle du logement. Malgré les moyens donnés par Nantes métropole, “absorber 2 000 personnes d’un coup, c’est très compliqué. Pour l’instant, il y a beaucoup de gens qui sont en camping ou en hébergement collectif”, raconte Yann Louault. Même si un bon nombre d’Ukrainiens ont trouvé un travail, cela reste difficile de trouver un logement. “Un dispositif a été mis en place par la préfecture d’intermédiation locative pour des logements sociaux : le bail est d’abord fait au nom d’une association, et cela devient un bail glissant. Au bout de six mois, cela passe au nom de la famille qui occupe le bail.” Malgré tout, peu de logements ont pu être captés pour les mettre à disposition de la communauté ukrainienne.

Concernant le futur du centre, “on y va étape par étape”, précise-t-il, en fonction des besoins et des décisions au niveau de la mairie. Et pour les réfugiés, il est difficile de se projeter. “La plupart des Ukrainiens qui sont arrivés à Nantes viennent du front ou des zones d’occupation. Pour certains, il n’y a plus grand chose qui les attend chez eux.” A l’instar des réfugiés loin de chez eux, le centre avance à tâtons, en fonction des avancées du conflit sur le territoire de l’Ukraine.