Vivre de sa passion : seulement des avantages ?

Avec le recul de l'âge à la retraite, les métiers-passions sont aujourd’hui un objectif visé par de nombreuses personnes. Mais entre inconvénients salariaux et heures abondantes, ces professionnels se confient sur les points à retenir avant de se lancer.

Vivre de sa passion : seulement des avantages ?
© Hélène Hastings

Confucius, philosophe chinois de l’Antiquité, a devancé son temps lorsqu’il a déclaré : « Choisis un travail que tu aimes. » C’est aujourd’hui un objectif de vie pour de nombreuses personnes qui décident de se lancer dans une activité professionnelle plaisante plutôt qu’indispensable, même si c’est encore le cas pour une large partie de la population. Ceux qui exercent un métier-passion sont souvent associés à l’épanouissement professionnel, les bonnes conditions de travail ou encore la liberté d’horaires. Mais ces métiers ont des faces cachées dont on n’a pas forcément conscience avant de se lancer. « Tout ce qu’on fait n’est pas passionnant », déclare Thomas Brac, graveur sur bijoux à Nantes. Ces artisans passionnés, souvent indépendants, doivent faire leur propre communication, leur marketing, leur comptabilité, leur clientèle... « Ce n’est pas vraiment quelque chose qu’on prévoit quand on se lance dans ces métiers », ajoute Thomas Brac 

« On ne peut pas gagner des mille et des cents » 

Hélène Hastings, libraire de La Plume à Couëron (44), a ouvert sa boutique en février 2022. « Avant j’étais enseignante. Mais je voulais être indépendante et ne plus avoir d’obligation », explique-t-elle.  Passionnée de littérature depuis toujours, elle a suivi une formation en Lettres Modernes avant d’exercer son métier d’institutrice pendant plus de 20 ans. En 2021, elle décide de changer de voie et de suivre une formation à l’École de la librairie. Aujourd’hui, après un an d’ouverture, venir au travail est devenu un véritable moment de plaisir. « Je travaille dans un endroit avec des vies autour de moi, rigolotes, farfelues, parfois douloureuses. C’est fabuleux. » 

Elle qui a toujours beaucoup aimé lire s'épanouit à conseiller ses clients sur des livres qu’elle a choisis d’exposer et de vendre dans sa boutique. Mais libraire est un métier où la marge de rémunération n’est pas très élevée. La loi Lang de 1981 fixe une valeur unique sur le prix des livres vendus par les éditeurs avec les librairies. Hélène, qui s’est mise en disponibilité pour l’Éducation nationale, ne touche pas d’aides de l'État. Elle ne vit que sur ses marges, qui sont en moyenne de 34%, sur lesquelles il faut déduire les charges. « C’est vraiment un métier de passion car on ne peut pas gagner des mille et des cents, mais l’environnement est vraiment agréable », ajoute-t-elle. 

Un nombre d’heures considérable 

Sandrine Ramona, alors chargée de communication, décide, il y une vingtaine d'années, de se reconvertir dans la céramique. « Ce qui m'a attiré, c'était avant tout que je pourrai apprendre toute ma vie. » Un travail qui la passionne notamment avec la diversité de techniques de cuisson et de décor autour du travail de la terre. En 2005, elle se lance et monte son entreprise de céramique, Atelier Douarn. Un métier qui lui demande un lourd investissement personnel. « Je pense que je suis dans les 45 heures de travail par semaine. » Travailler le soir, parfois jusqu’à minuit, et les week-ends devient alors une habitude.  

S. Ramona © ADAGP 2022

Le métier de Sandrine est aujourd’hui devenu plus qu’une passion. « Ça fait partie de ma vie, ça fait partie de ma famille. Mon mari m’aide pour la comptabilité, mes enfants sont fiers de moi. J’embarque un peu tout le monde là-dedans », explique-t-elle. Heureuse dans son travail, elle a trouvé un endroit où elle peut exercer sa créativité et son imagination, sans regretter le temps qu’elle y consacre.